La politique de gestion du stationnement et les équipements mis en place permettent d’apporter des solutions satisfaisantes pour les visiteurs et les pendulaires. En revanche, le stationnement des résidents de centre-ville reste une préoccupation persistante.
Pourquoi imaginer de nouvelles solutions de stationnement pour les résidents de centre-ville ?
Même si le taux de motorisation des ménages de centre-ville est déjà faible, répondre à la demande de stationnement des résidents est complexe :
- dans les zones centrales, la pression est déjà forte et les contraintes foncières ne permettent pas de créer de nouveaux parkings à un coût raisonnable ;
- ce phénomène est accentué par la densification constatée des centres urbains, conjuguée à la tendance à la baisse des normes de création de places de stationnement privé ;
- même si les ménages utilisent moins leur véhicule, ils ne s’en dépossèdent pas pour autant et l’automobile-immobile est toujours présente sur l’espace public.
En l’absence de solutions nouvelles de stationnement, il en résulte un risque de «grippage» et de report des difficultés de stationnement de surface vers les quartiers limitrophes du centre-ville et les faubourgs.
Proposer de nouvelles solutions : le concept du P2R
Les parkings-relais pourraient jouer un rôle prépondérant pour répondre à la demande de stationnement des résidents en devenant des P2R (parking relais résidents). Ils conserveraient leur fonction d’accueil des pendulaires à laquelle s’ajouterait celle du stationnement des résidents du centre-ville n’utilisant pas tous les jours leur voiture.
La fonction nouvelle de P2R peut être obtenue en ouvrant certains parkings-relais existants aux résidents, ou en intégrant de nouveaux parkings dans certaines opérations d’aménagement. Cette nouvelle vocation des parkings-relais permettrait de redonner de la respiration aux zones centrales : passer d’une hyperconcentration des modes de transport et des solutions de stationnement, à une vision déconcentrée et desserrée de la politique de stationnement. Ce dispositif s’inscrit aussi pleinement dans la logique de valorisation des centres historiques et de recherche de complémentarités d’usage entre la voirie et les ouvrages.
Deux clefs de réussite du dispositif
La localisation : les distances doivent être acceptables pour que les résidents du centre-ville puissent rejoindre facilement leur véhicule à pied, à vélo ou en transport collectif. Les P2R doivent donc être situés à proximité des zones centrales. Par effet ricochet, les parkings -relais situés plus en amont, se voient renforcés dans leur rôle de capteurs des déplacements routiers de longue distance, en cohérence avec les objectifs environnementaux et l’évolution des réseaux de transport collectif. Dans le cas de nouvelles opérations d’aménagement en frange de centre-ville ou dans des friches desservies par le réseau de transport collectif structurant, la création de nouveaux parkings mutualisant les usages permet de répondre aux besoins des habitants du secteur et des habitants de centre-ville.
L’accompagnement : pour rendre acceptable pour le résident de l’hypercentre cette «mise à distance» de son propre véhicule avec à terme, l’ambition d’un l’abandon partiel (autopartage) ou total du véhicule au profit d’autres modes de déplacement, des outils d’accompagnement sont à prévoir :
- une tarification dans les P2R, adaptée et concurrentielle par rapport au prix du stationnement sur voirie
- le développement des titres combinés pour utiliser facilement les autres modes de transport. En particulier, la présence de vélos en libre service est une réponse à l’amplitude restreinte des transports collectifs (en fin de soirée par exemple) et permet de récupérer son véhicule à tout moment
- l’intégration de services au P2R : consignes, prêt de matériel, chariots pour transporter ses courses, point relais, espace logistique
- des cheminements piétons et un traitement qualitatif des abords des parkings délocalisés
- des facilités de stationnement sur voirie pour permettre la dépose et la reprise des résidents ayant opté pour l’abonnement dans un P2R
À Strasbourg, l’abonnement «Résidéo» mis en place en mars 2013 dans deux parkings à l’extérieur du centre-ville (Halles et Petite-France), peut-être vu comme une première étape vers l’offre P2R. Cet abonnement, alternatif au forfait mensuel sur voirie, permet aux résidents du seul centre historique de stationner au tarif avantageux de 39 € par mois, 24 h/24 dans l’un des deux parkings. Pour ceux qui renoncent à leur abonnement résident classique sur voirie, d’autres facilités sont proposées :
- 30 minutes de stationnement gratuites sur voirie pour permettre la dépose/reprise
- 12 h de stationnement payant consécutives au tarif de 2,20 €, pour permettre le stationnement près du logement le week-end ou occasionnellement
Deux enjeux pour demain
Gouvernance : l’imbrication des compétences nécessaires à la mise en œuvre d’un tel schéma pose la question de la gouvernance et de l’organisation des collectivités : les P2R relèvent-ils du stationnement ou du transport? Comment garantir la cohérence des tarifs avec ceux du stationnement sur voirie ? À ce titre, la dépénalisation du stationnement sur voirie sera peut-être l’occasion d’apporter une réponse nouvelle et satisfaisante à cette question.
La question du financement des P2R se pose de manière complexe dans le cas de parkings mutualisés à l’intérieur d’opérations d’aménagement. Or ces choix ne sont pas anodins en matière d’équilibres financiers et d’objectifs recherchés par les collectivités. Dans un système où les frontières entre le centre-ville et le reste de la ville s’amenuisent, comme celles entre l’aménagement, le
transport collectif et les autres mobilités, notre arsenal juridique et nos modes de fonctionnement demandent vraisemblablement à évoluer et à s’adapter.
Contacts :
- Régis Auriol – Regis.AURIOL@strasbourg.eu – Communauté urbaine de Strasbourg – Responsable du service stratégie et gestion du stationnement
- Laurent Py – Laurent.PY@strasbourg.eu – Communauté urbaine de Strasbourg – Chargé de la stratégie du stationnement
Source : Transflash n°392
Bien gérer ses parkings, c’est écolo…
La politique tarifaire et la multimodalité sont autant d’outils permettant d’agir sur les habitudes de stationnement de la population.
À la clé, un meilleure gestion du trafic urbain et des économies d’énergies.
http://www.calameo.com/read/0026983985bdcde31c367