« Il y a un vrai décalage entre les gens qui se disent intéressés, et ceux qui adhèrent véritablement au système », convient Matthieu Jacquot, l’un des promoteurs de Covivo, le système assez sophistiqué censé simplifier le covoiturage en Meurthe-et-Moselle. « Nous savions que nous n’aurions pas des résultats spectaculaires en six mois, mais il est vrai que nous sommes un peu déçus. »
Idem du côté du Conseil Général, qui a fortement soutenu l’initiative lancé cet automne essentiellement sur l’axe Toul-Nancy. « Cela représente un flux quotidien de 20.000 véhicules, or seule une petite centaine de chauffeurs et passagers a décidé de changer leurs habitudes ».
Système simplifié
Et pourtant, la plupart des voitures en question ne transportent qu’une seule personne : le conducteur. L’hiver venu, l’opération a été suspendue. Avec le beau temps, Covivo et le département comptent bien relancer la machine, d’autant que la hausse des prix des carburants pourrait faire basculer les indécis.
« Quand on les interroge sur les écogestes, 78% des gens expliquent vouloir tester le covoiturage », note Matthieu Jacquot, bien décidé à simplifier autant que possible le passage à l’acte. « Désormais, on peut interroger le système depuis n’importe quel portable. Comme nous équipons les chauffeurs qui n’en disposent pas d’un smartphone avec GPS, nous pouvons savoir en temps réel où se trouvent les voitures adhérant au réseau ».
Ainsi, en trente secondes, le demandeur sait où prendre son covoiturage : les arrêts de bus du département servent de points de ralliement.
« Actuellement, nous répondons à 80% de la demande, mais depuis que nous avons relancé la communication autour du sujet, nous avons plus de 200 inscrits. Plus le réseau s’élargira, et plus nous pourrons couvrir la demande ».
« C’est plus que du partage »
Originaire d’Auvergne, Catherine Richaud a pris l’e-pli en milieu rural : « Quand il n’y a pas de transports en commun, il faut bien trouver des solutions ».
Venue habiter Moutrot, elle a utilisé Covivo pour venir à Nancy en formation. « Au départ, c’est vraiment par un souci économique, et finalement on découvre que c’est bien plus que de partager une voiture. On s’organise : tel soir, je suis pressés, tel autre moins. On se concerte pour les horaires, on va jusqu’à faire ses courses en commun parfois ».
Du coup, elle a converti des collègues, et le covoiturage a ainsi essaimé. Catherine n’est pas devenue militante pour autant, mais elle y a pris goût au point de mettre désormais sa voiture à disposition dans le réseau Covivo. « Le plus difficile c’est de me faire au smartphone », assure-t-elle !