La question vous paraît saugrenue ? Pourtant de nombreuses grandes villes à travers le monde ont déjà adopté le modèle des “Voie réservées aux véhicules à occupation multiple”. Washington DC le fait depuis plus de 25 ans ! Même Alger a opté pour cette démarche. En Europe, seules six grandes villes telles que Madrid en Espagne ou Leeds en Angleterre s’y sont réellement mises. Et en France ? Cela se développe doucement mais sûrement.
Déjà plusieurs exemples à travers la France
Certes, des voies existent pour le bus et le taxi, y compris sur les BAU (bandes d’arrêt d’urgence) sur le périphérique grenoblois ou parisien. Ouvrons-en de nouvelles pour les covoitureurs. C’est en tout cas l’un des axes de travail de la loi d’orientation des mobilités (LOM), proposée en Conseil des ministres en novembre dernier, pour encourager le covoiturage. Mais certaines collectivités avaient emboîté le pas avant. Comme Nantes Métropole et son engagement pris pour “l’expérimentation de voies réservées aux covoitureurs” en février 2018. Le conseil de Gironde a pris une décision similaire en annonçant la création d’ici trois ans de voies réservées au covoiturage et aux transports en commun sur trois tronçons de routes départementales très fréquentées. Pour trouver la première voie réservée au covoiturage, direction l’un des postes frontière franco-suisse entre la Haute-Savoie et Genève où passe quotidiennement 33.000 véhicules. Une voie de service normalement réservée à la douane est maintenant utilisable sur 500m par toute voiture avec au moins deux personnes à bord. Néanmoins, la législation française ne pose pas, actuellement, un cadre légal à ces portions de route mais « un travail devra être fait pour autoriser ces voies de covoiturage », assure Virginie Duby Muller, députée de Haute-Savoie. Dans ce dernier exemple, le gain de temps est estimé à 1/3.
Et si les prochaines autoroutes intègrent automatiquement une voie réservée ?
En Lorraine, des concertations sont actuellement menées autour de l’A31 bis, une nouvelle autoroute à l’horizon 2030, qui “vise à réduire la congestion de l’A31 et d’améliorer les conditions de circulation et accompagner le développement économique de la région en facilitant les échanges”. Dans les objectifs annoncés par la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL Grand Est), le porteur du projet, la volonté de doubler le nombre de covoitureurs est clairement indiquée. Dans la première mouture du projet, il est même fait mention d’une “voie réservée aux transports en commun” dans le secteur de Thionville (57). Pourquoi ne pas inclure, dans cette même voie, les covoitureurs ?
400€ de prime grâce au covoiturage
Si l’on gagnait aussi de l’argent en se déplaçant à plusieurs ? Les pouvoirs publics ont bien pris conscience de l’importance du covoiturage. Toujours grâce à la LOM, le forfait mobilité s’étendrait maintenant au covoiturage. Cette prime de 400 euros, financée par l’employeur sur la base du volontariat, s’adresse aux salariés qui font du covoiturage ou viennent à vélo au travail. En plus de gagner du temps et de faire du bien à notre planète avec le covoiturage, cela peut même renforcer les économies réalisées. Encore faut-il s’assurer d’avoir bien montré patte blanche pour ses déplacements.
Pour certifier ses trajets à plusieurs, le gouvernement a lancé il y a peu son site covoiturage.beta.gouv.fr. Il faudra, dans un premier temps, qu’un opérateur -tel que Roulez Malin– confirme que le déplacement a bien été réalisé. Ca marche comment pour RoulezMalin ? C’est tout simple. Dans un premier temps, le conducteur ou le passager, après avoir débuté son itinéraire, certifie son départ sur l’application mobile. Par la suite, le second covoitureur recevra une alerte pour le prévenir que la certification est en cours et il devra valider à son tour sa position. Ce processus doit être renouvelé lors de l’arrivée pour garantir que le covoiturage a bien eu lieu. En réalité, pour que la certification du départ ou de l’arrivée soit effective, il faut que le conducteur et le passager soient à proximité l’un de l’autre, sinon le trajet ne pourra être certifié. L’opérateur se charge ensuite d’envoyer votre trajet au “Registre des preuves de covoiturage” qui certifie alors le covoiturage. Et le tour est joué !