Le covoiturage apparaît depuis longtemps comme une alternative de transport prometteuse, mais qui peine à se développer. A l’heure du smartphone, le covoiturage en temps réel est-il appelé à se développer ?
Description
Le covoiturage a-t-il une chance de prendre enfin son essor grâce aux nouvelles technologies de communication? C’est ce que semble croire Nokia qui a mené en 2009 l’étude « Empty seats travelling », qui montre que les sièges vides qui circulent sur la planète représente une valeur de 500 milliards de dollar. Après le covoiturage statique, qui consiste à organiser à l’avance un trajet via une plateforme internet par exemple, le covoiturage dynamique veut s’appuyer sur les applications pour smartphones, associées au GPS, pour organiser des trajets en temps réel, offrant à la fois souplesse et fiabilité. Les outils existent, mais leur utilisation à plus large échelle demande encore un temps d’adaptation, en particulier pour se mettre en phase avec les besoins et capacités des usagers. L’entreprise
Green Monkeys offre une solution intéressante pour les pendulaires, au service des entreprises.
Covivo propose la Covibox, un système de GPS qui permet de mettre directement en relation le conducteur et le passager en fonction du trajet souhaité et de la position de chacun. Mais l’interface pour smartphone de l’irlandaise Avego semble la plus prometteuse.
Atouts et limites du covoiturage classique
Les avantages du covoiturage ne sont plus à démontrer. En plus de l’intérêt écologique lié à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que les impacts sur le trafic automobile, il présente de nombreux atouts pour le conducteur comme pour le passager. Pour le conducteur, cela permet de réduire les frais de déplacement, ainsi que d’utiliser les voies réservées au covoiturage lorsqu’elles existent. Pour le passager, ce système lui évite les contraintes liées à la possession d’une voiture: achat, entretien, essence, parking. Cependant le covoiturage a de la peine à se généraliser, pour plusieurs raisons, dont en particulier le manque de souplesse et le manque de fiabilité: comment être sûr que je pourrai compter sur ce système pour me rendre au travail? Et que se passera-t-il si comme conducteur j’ai un empêchement et dois renoncer à faire le trajet? Jusqu’à maintenant, les plateformes internet de covoiturages étaient surtout efficaces pour les longs trajets ponctuels, qui peuvent être organisés à l’avance, mais sont moins convaincantes en ce qui concerne les déplacements pendulaires. Pourtant le Canada et les États-Unis ont déjà bien développé cette offre, conjointement à diverses mesures de soutien prises par les collectivités. Mais l’Europe semble avoir plus de difficultés à faire le pas, faute d’une masse critique suffisante d’utilisateurs, et peut-être aussi à cause de certains freins culturels et psychologiques. Des solutions existent pourtant, mais qui pour l’instant sont efficaces dans des situations particulières liées à la taille de l’entreprise – grande administration – ou la situation géographique – Vercors par exemple – qui assurent une masse critique de déplacements suffisante.
Green Monkeys, la flexibilité au service des déplacements pendulaires
L’entreprise
Green Monkeys se spécialise dans l’organisation de services de covoiturage pour les entreprises. Après avoir expérimenté son système de plateforme avec la Ville de Genève, elle a mis en place une offre pour les employés de l’administration de la Ville de Marseille. Grâce à des algorithmes très élaborés, les conducteurs et passagers indiquent sur la plateforme l’origine et la destination de leurs trajets, et Greenmonkeys garantit qu’un transport sera à disposition pour effectuer le trajet. Si tel n’était pas le cas, l’entreprise s’engage à payer le taxi. Les trajets se paient 21 ct./km, dont 3 ct reviennent à l’entreprise et le reste au conducteur. Il n’y a pas d’échange d’argent mais les frais sont gérés en ligne par un système de porte-monnaie électronique.
Covivo, le covoiturage en temps réel ?
L’entreprise
Covivo se lance dans le covoiturage dynamique au travers d’une interface liée à un système GPS, la Covibox, qui a été testée dans le Vercors, une région qui présente la particularité d’avoir une voie d’accès principale depuis Grenoble, et donc de concentrer la demande de transport sur quelques axes. Le conducteur indique son trajet sur la Covibox – ou par le logiciel Covisoft qui peut être téléchargé sur smartphone – et en fonction des demandes et de la position des passagers intéressés, un trajet lui est proposé. On lui indique le lieu de prise en charge, le temps pour les éventuels détours, et les frais économisés.
Avego, vers un covoiturage dynamique à grande échelle ?
Il semble qu’aujourd’hui seule l’entreprise irlandaise
Avego soit en mesure de proposer une application de covoiturage dynamique qui fonctionne sur de plus grands territoires, et qui ait des chances de s’implanter progressivement. Le système, qui s’appuie sur un système de Mapflow (ou cartographie en flux continu) est le suivant: le conducteur indique sont trajet sur la plateforme Avego. Sont trajet est suivi par GPS et indiqué sur la plateforme en temps réel. Les passagers potentiels peuvent prendre connaissance des possibilités de trajet qui passent à proximité, et indiquer leur intérêt via l’application. Lorsque chacun a signalé son intérêt, ils reçoivent l’indication du point de prise en charge. A l’approche du point de prise en charge, le conducteur reçoit un message sonore qui lui évite de consulter son téléphone. Le paiement de la course se fait automatiquement, et au terme du trajet, chacun indique son niveau de satisfaction sur une note de 1 à 5. Lorsque un des deux donne une note 1, les personnes ne sont plus remises en contact. Ce système implique de mettre à disposition des données personnelles, mais il présente pour les utilisateurs l’avantage de savoir à l’avance avec qui ils vont voyager.
Quels développements attendre du covoiturage dynamique ?
On le voit, les solutions techniques existent, mais elle doivent encore se diffuser auprès des utilisateurs. Cela ira de paire avec une démocratisation des nouveaux outils de télécommunication. Mais au-delà des prestataires de services de covoiturage, c’est aussi avec les entreprises et les collectivités qu’il faut compter pour soutenir ces solutions de mobilité innovantes. Les entreprises en effet présentent une masse critique d’usagers suffisante pour faire fonctionner le covoiturage dans le cadre des déplacements pendulaires. Elles ont l’avantage, seules ou en association avec d’autres, de faire converger les trajets et de constituer des « communautés » au sein desquelles les usagers sont plus susceptibles d’avoir des intérêts communs. Les collectivités publiques aussi peuvent faire levier en faveur du covoiturage, notamment en définissant des couloirs réservés aux voitures avec passager, en créant des « points de dépose » pour le covoiturage, ou encore en instaurant le « slugging »: ils s’agit de routes de covoiturages, le long de parcours fixes très fréquentés, par exemple sur des trajets autoroutiers entre deux centres importants. L’origine et la destination sont fixés d’avance, en lien avec des arrêts de transport public. Le passager voit la probabilité de trouver un transport augmentée, et le conducteur obtient comme bénéfice de pouvoir utiliser les voies réservées.
Source : Ville Durable