On parle beaucoup d’Uber et notamment à cause de l’interdiction de l’offre UberPop. Certains services tentent de se faufiler dans ce créneau, via notamment le covoiturage sur une courte distance.
Le covoiturage : pour les courtes distances aussi !
On a longuement disserté sur le covoiturage et les services classiques fonctionnent bien, Blablacar en tête en Europe.
En marge de ce système, on trouve un concurrent direct des services de taxis, Uber, un géant américain. Ce système n’est pas du covoiturage puisqu’il s’agit de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), soit des voitures banalisées présentées comme une alternative aux taxis. Ces voitures ne se réservent pas à l’avance, mais sur le vif avec une application.
Le service cartonnant aux Etats-Unis et s’implantant bien dans d’autres pays comme le Canada, l’entreprise essaye de le lancer en France. Uber s’est heurté à la colère des taxis qui, dénonçant une concurrence déloyale, ont obtenu gain de cause du gouvernement, lequel lance la loi Thévenoud en janvier 2015. Elle rend interdite le service UberPOP qui consiste à conduire d’autres particuliers contre rémunération à Paris et en proche banlieue.
Le covoiturage courte distance n’est pas concerné par la loi Thévenoud
C’est là que la nuance intervient : finalement les services de covoiturage ne sont-ils pas concernés ?
Selon la loi du 27 janvier 2014(1), le covoiturage « est l’utilisation en commun d’un véhicule terrestre à moteur par un conducteur non professionnel et un ou plusieurs passagers majeurs pour un trajet commun. En cas d’inexistence, d’insuffisance ou d’inadaptation de l’offre privée, les autorités mentionnées à l’article L. 1231-1, seules ou conjointement avec d’autres collectivités territoriales ou groupements de collectivités intéressés, peuvent mettre à disposition du public des plates-formes dématérialisées facilitant la rencontre des offres et demandes de covoiturage. Elles peuvent créer un signe distinctif des véhicules utilisés dans le cadre d’un covoiturage. Dans ce cas, elles définissent au préalable ses conditions d’attribution.«
La prise de contact se fait via des plateformes ou par petites annonces. La nuance est dans le prix : il n’y a pas de tarif prédéfini au kilomètre parcouru et au temps écoulé, de prix minimum. Il s’agit juste de dédommager le chauffeur pour l’essence et l’usure mais en aucun cas d’une rémunération.
Le covoiturage, qu’il soit de courte ou de longue distance, n’est donc pas concerné par la loi Thévenoud et n’est pas pointé du doigt par les taxis. On parle bien de trajets ponctuels et pas d’un métier et le covoiturage met en avant un côté communautaire : il s’agit de consommation collaborative.
Le covoiturage courte distance improvisé se développe
Nous vous parlions récemment de La’Zooz, mais en réalité bon nombre de services commencent à se lancer, conscients qu’une partie de l’offre est encore à pourvoir. Certains services se situent donc à la frontière entre le taxi et le covoiturage… On trouve ainsi…
Heetch www.heetch.com – ce service se rapproche d’Uber mais se distingue de celui-là par le montant : il s’agit juste de participer aux frais. Il s’agit de conduire en ville en soirée/nuit, entre 20h et 6h. Le site précise : « les conducteurs de la communauté ont la liberté de conduire n’importe quand pendant les heures d’ouverture de la plateforme. Ils sont complètement libres de leur planning« . Tout se fait via une application sur smartphone.
Même son de cloche du côté de Miinute www.miinute.fr – « une application pensée par des jeunes Parisiens, initialement pour en finir avec les galères de transports la nuit. » Le site ne se mêle pas de la transaction, arguant le côté « économie collaborative et solidaire« .
Les Belges du réseau Djump http://djump.in/ – après Bruxelles, ils s’adressent à la faune nocturne de Paris et Lyon. Il s’agit également de trajets de nuits, spécifiquement la sortie des concerts et des bars. La nuance est délicate quand on compare avec les taxis : on repère les voitures concernées par un grand chapeau rose sur le toit. Là encore, il s’agit de partager les frais, un tarif équitable étant suggéré. Ce service est très proche du principe de Lyft aux Etats-Unis, où les voitures concernées arborent des moustaches roses sur le pare-choc avant.
IDVroom : la SNCF entre dans la danse, avec les mêmes nuances
Autre acteur des transports en commun en France, la SNCF a lancé en 2014 son service IDVroom, après avoir pris des parts il y a quelques années dans 123envoiture. IDVroom est assez précis : il concerne pour l’instant uniquement le covoiturage courte distance pour l’Ile-de-France.
De la même manière que La’Zooz, le problème est celui de la masse critique d’utilisateurs, d’où le rapprochement entre la société ayant lancé le service initialement, Ecolutis, et la SNCF. L’idée est de proposer une offre alternative au train.