Les travaux de prospective sur la ville foisonnent. En 2040, presque 5 milliards d’hommes et de femmes vivront dans des villes, ce qui recouvre des réalités très différentes : villes moyennes, banlieues, grandes villes, zones urbaines, aires urbaines, agglomérations, mégapoles… Mais quelle que soit l’appellation ou bien la classification des villes, rendre l’espace urbain viable est un des principaux défis de ce siècle si l’on considère, comme beaucoup de prospectivistes, que la population mondiale s’équilibrera pendant deux siècles autour de 8 milliards d’humains, après le pic de 9 milliards au moins en 2050.
On voit bien immédiatement la difficulté des travaux de prospective sur la ville qui s’ordonnent principalement selon les dimensions des espaces urbains et aussi selon qu’ils s’appliquent à l’hémisphère Nord ou à l’hémisphère Sud, ou encore dans les pays riches ou les pays pauvres. Néanmoins l’aspiration à des villes durables paraît commune à tous les citadins. Comme le dit Hugues de Jouvenel dans son article Pour une prospective urbaine : « il en va de la politique de la ville comme de toute politique de développement durable ; au-delà même des questions d’éthique et d’équité sociale, la prise en compte du long terme – outre le fait qu’elle conditionne nos marges de manœuvre – implique que l’on prenne garde de ne pas générer, par une politique à courte vue, des effets pervers qui, ultérieurement, s’avéreront infiniment plus importants que les bénéfices engrangés dans l’immédiat. »
Je lirai peut-être le bouquin un de ces quatre….
Voyez-vous, le problème essentiel des villes actuelles, c’est qu’elles sont constituées de place perdue à plus de 80%. 80% des villes sont de l’espace, du vide, essentiellement laissé pour les voitures.
Prenons l’exemple de l’Île-de-France et ses 11 millions d’habitants qui se partagent environ 1 million de voitures (presque 5 millions pour l’Île-de-France). Une voiture, c’est 170 cm de large pour 450 cm de long, soit près de 8 m2, plus 4 m2 pour monter et descendre, mais qui ne comptent pas le long des trottoirs et dans les parkings automatiques.
Nous avons donc, rien que pour l’agglomération parisienne, 8 kilomètres carrés, 8 millions de m2 (sachant que la surface moyenne de terrain en résidence pavillonnaire est de 1000 m2, ça représente quand même une surface équivalente à 8’000 pavillons confortables) qui représentent la surface incompressible pour parquer ces véhicules.
…Ensuite il faut les faire rouler.
Tout ce vide éloigne les divers services et les magasins les uns des autres et rendent les villes inaccessibles aux piétons. Le piéton doit marcher longtemps pour atteindre son objectif qui est très éloigné tout simplement parce qu’on a dû laisser du vide entre lui et le service pour que les véhicules puissent circuler. Véhicules qui ne seraient pas nécessaires si on avait pas laissé ce vide puisqu’alors le but du piéton serait à quelques pas de chez lui.
MAIS….car il y a un mais, de ne pas avoir ces voies de communication, c’est également empêcher les véhicules qui construisent les bâtiments d’évoluer. Et que dire de l’approvisionnement des magasins? 11 millions d’habitants qui mangent 3x par jour 280 gr/repas en moyenne d’aliment solide, cela fait quand même le modique poids de 3000 Tonnes/jour rien que de nourriture, sans parler de tout le reste (micro-ondes, téléphones portables, meubles, matériaux de construction, etc…), soit un train de marchandises de 40 wagons de 18 mètres, soit 720 mètres de long, plus la loco!! RIEN QUE POUR LA BOUFFE!! ET TOUS LES JOURS!!
Dans une ville sans voies de circulation, dispatcher ça est une gageure. Raison pour laquelle on a parqué à l’extérieur de la ville les commerces, qui sont ainsi beaucoup plus efficaces et plus accessibles et ne nécessitent plus qu’on entre dans la ville avec des camions, ce qui serait aujourd’hui impossible. On le faisait il y a 40 ans, ce n’est plus possible aujourd’hui.
La solution est donc vers des villes équipées de moyens de transports modernes. Des grandes lignes, tram ou métro, enterrées ou recouvertes par la civilisation, éventuellement des jardins, qui mènent d’un bout à l’autre dans toutes les directions. Et de petites navettes automatiques circulant dans des voies qui leurs sont réservées pour accéder aux divers points de la ville. Les constructions nécessitant des transports lourds, elles, pouvant être assurées par les airs. Des imprimantes 3D bâtissent les immeubles et on alimente par les airs les machines. Les interventions de dépannages des infrastructures elles sont, grâce au numérique, de moins en moins lourdes. Alors que pour réparer une conduite d’eau il y a 50 ans il fallait une dizaine de gars, un camion, aujourd’hui on délimite précisément la zone, deux types arrivent avec un camionnette contenant tout le matériel, on leur livre une minipelle et c’est tout. Demain, une petite navette pour le matériel, une navette portant la minipelle.