Quand il regarde les chiffres du transport, Patrick Hatzig s’arrache les cheveux. « En moyenne, en France, tous trajets confondus, il y a 1,31 personne par véhicule. Et aux heures de pointe, 93 % des automobilistes sont seuls. Quand on voit ça, on se rend compte des progrès qu’il nous reste à accomplir en matière de covoiturage », soupire le viceprésident du conseil régional, chargé des transports. Depuis quelques semaines, l’élu et ses services travaillent sur un projet ambitieux pour tenter d’inverser la donne. Sa cible : les frontaliers. « Ils sont 70 000 à l’heure actuelle à travailler au Luxembourg et 10 % utilisent les transports collectifs, c’est-à-dire le TER. A l’horizon 2030, ils devraient être 135 000. » D’où le Smot (Schéma de mobilité transfrontalière), actuellement en discussion entre le Luxembourg, l’Etat français et la Région. Son ambition est de faire que 25 % de ces travailleurs frontaliers utilisent les transports collectifs, dont le covoiturage fait partie.
Par téléphone GPS
Reste à convaincre les automobilistes. Patrick Hatzig part du principe que s’ils ne s’adonnent pas à cette pratique, c’est parce que les « conditions actuelles ne la favorisent pas ». Ce qui pourrait changer. La Région envisage de mettre en place un site internet où les particuliers pourraient être mis en relation. Chacun y exprimera ses conditions de voyage : horaires, parcours, voiture fumeur ou pas, avec de la musique, les infos ou en silence, etc. Les conducteurs pourraient même y être notés ! Mais la collectivité ne compte pas en rester là : « L’objectif est d’informer les automobilistes par téléphone, en temps réel, de la demande de transport sur l’axe qu’ils empruntent. Cela offrira même la possibilité d’effectuer des trajets intermédiaires. » Ils devront pour cela être équipés d’un téléphone GPS, «qui sera l’instrument phare de la réussite de notre procédé ». Un équipement qui a un coût. La Région en est consciente : « Peut-être qu’on peut envisager un partenariat avec des opérateurs téléphoniques. Mais quoi qu’il arrive, l’utilisateur récupérera sa mise avec les frais de transports économisés. » L’avantage de ce système ? « Rompre la routine et les habitudes », qui sont les ennemis du covoiturage et «donner un maximum de liberté aux utilisateurs », qui pourront échanger régulièrement de partenaires en fonction de leurs contraintes du jour. Patrick Hatzig aimerait que ce procédé soit expérimenté d’ici l’été 2009, pour une mise en place à la rentrée de septembre. « On ferait d’abord ça sur le sillon lorrain, de Nancy à Luxembourg. Il vaut mieux commencer là où il y a une communauté de circulation. » Et l’élu de rêver un peu : «Si on arrive à augmenter le covoiturage de 20 %, ça fera tout de suite 5 000 voitures en moins. »