Le lancement du standard RDEX+ pour l’interopérabilité des données de covoiturage a eu lieu le 20 mai. Nous vous proposons une interview d’Olivier Sarrat pour en apprendre plus sur le standard.
Quel est ton rôle dans RDEX+?
En tant que Responsable Produits chez Mobicoop, je suis en charge du suivi de tous les sujets techniques structurant le secteur de la mobilité partagée. Dès mon arrivée, j’ai donc représenté naturellement Mobicoop dans le groupe de travail de la Fabrique des Mobilités consacré à RDEX+.
La création de communs dans la FabMob ne se fait que quand des structures poussent pour que cela avance, et souvent il est difficile de trouver du temps bénévole pour aborder un sujet simplement parce qu’on le croit utile pour le secteur…
Néanmoins, l’implication sur les standards d’interopérabilité date de plus de 10 ans chez Mobicoop via son « ancêtre » Covivo, et c’est donc en toute logique que Mobicoop s’est investi pour donner une forme finale à RDEX+.
Concrètement, Mobicoop a ainsi animé les derniers ateliers sur le sujet, écrit la proposition technique du standard (visible sur https://rdex.fabmob.io), et y a intégré les retours et contributions des autres membres du groupe comme Ridygo, sur de nombreux points et une relecture générale, ou encore BlaBlaCar concernant l’ajout de la gestion de l’annulation.
Pourquoi le standard est-il important ?
C’est un socle fondamental pour passer progressivement d’une offre de covoiturage divisée entre toutes les plateformes existantes et fonctionnant en silos fermés, à une offre de covoiturages inter-plateformes.
Le standard d’échange RDEX+ est en effet essentiel pour faire passer à l’échelle supérieure des efforts d’interopérabilité. Sans le standard GSM par exemple, jamais des téléphones Nokia, Ericsson ou Alcatel n’auraient pu aussi facilement communiquer entre eux et faire un réseau de téléphonie mobile.
L’importance de RDEX+ est aussi très liée à deux caractéristiques : une recherche de simplicité dans sa mise en œuvre, et son évolutivité par sa gouvernance ouverte associée.
Ainsi, ce standard est essentiel dans l’évolution du covoiturage pour 3 raisons :
- Comme illustré avec l’exemple de la téléphonie mobile, avec un standard commun reconnu, le coût technique pour rendre interopérable une plateforme MaaS (Mobility as a Service) à Rennes, Laval ou Lyon avec une plateforme de covoiturage (Mobicoop, Ouestgo, Ridygo, Rezo Pouce…), ou deux plateformes de covoiturage entre elles, tombe à zéro une fois que la plateforme a fait l’effort initial de se rendre compatible avec le standard. S’entendre sur un standard d’échange de données réduit donc considérablement l’effort individuel ou collectif au niveau d’une filière pour lui permettre de s’organiser en réseau.
- L’apparition de ce standard et son adoption par des plateformes de covoiturage et de MaaS prouvent la faisabilité de la création d’un tel réseau, que ce soit auprès des opérateurs de covoiturage, des plateformes de MaaS ou des autorités publiques.
- Enfin, grâce à sa gouvernance associée et son évolutivité, le standard démontre que des solutions techniques peuvent toujours être trouvées pour répondre à de nouveaux besoins de communication entre des acteurs souhaitant se rendre interopérables.
Pourquoi Mobicoop s’est emparé de la question ?
Mobicoop s’est emparé de la question car la coopérative croit depuis 10 ans (et donc aussi via ses « ancêtres » Covivo et Covoiturage Libre) que la transition culturelle de la mobilité individuelleà la mobilité partagée ne pourra pas se faire avec un fonctionnement en silos des différentes plateformes. Les situations aberrantes que cela engendre sont légion : deux personnes habitant à 1km de distance, travaillant aux mêmes horaires, allant tous les jours à deux entreprises différentes situées dans le même parc d’activités ne pourraient pas être mises en relation dans le cas où ces deux entreprises n’auraient pas choisi le même prestataire de covoiturage.
Qu’est ce qui est ressorti de la présentation du 20 mai ?
L’événement de lancement du 20 mai a tout d’abord permis à toutes et tous de mieux comprendre les possibilités offertes par RDEX+, les cas d’étude qu’il couvre, et comment il pourra évoluer à l’avenir (cette présentation est téléchargeable depuis https://rdex.fabmob.io).
Mais ce qui ressort selon moi de la manière la plus prégnante, c’est l’appui affirmé d’autorités publiques fortes (DGITM, GART, etc.) à cet effort de standardisation porté aux avant-postes par des acteurs engagés pour aller vers des communs, comme la Fabrique des Mobilités, ou des coopératives comme Ridygo ou Mobicoop.