Est-ce la fin du driving boom aux Etats-Unis ? C’est le constat dressé par le rapport intitulé « A new direction : our changing relationship with driving and the implications for america’s future » publié au printemps dernier par U.S. PIRG Education Fund Frontier Group.
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Qu’est-ce-que le driving boom ?
C’est l’augmentation constante des distances parcourues en voiture par les Américains (+85% entre 1970 et 2004). Cette croissance des kilomètres parcourus fut concomitante d’un urbanisme basé sur la voiture individuelle : en 1950, 23% des Américains habitaient en banlieue, en 2000 ils étaient 50%.
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La fin du driving boom
Entre 1946 et 2004, le total des kilomètres parcourus a cru de 3,8% par an, et celui des kilomètres parcourus per capita, de +2,5% par an.
Depuis on observe une rupture: entre 2004 et 2012, les kilomètres parcourus stagnent et les kilomètres parcourus per capita diminuent de 1% par an. Sur la même période, la fréquentation des transports en commun a connu une hausse de 10%.
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Un changement encore plus marqué pour les jeunes
Parmi les nouvelles générations (entre 16 et 34 ans), le kilométrage annuel moyen parcouru a diminué de 23% entre 2001 et 2009. Parallèlement, l’usage des modes alternatifs a progressé : toujours entre 2001 et 2009, cette même classe d’âge a accru ses déplacements en vélo de 24%, et en transport en commun, de 40%.
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Un changement structurel de la société américaine
Pour expliquer la fin du driving boom, plusieurs éléments entrent en ligne de compte: la diminution relative de la part de la population active, la diminution du ratio de voiture par conducteur, la diminution du taux de personnes ayant le permis de conduire dans la population totale et la hausse du coût réel des carburants.
Si le dernier fait pourrait être considéré comme plus conjoncturel (et avec un poids décroissant, du fait de l’amélioration de l’efficacité énergétique des nouvelles voitures), les trois premiers points reflètent bien un changement structurel de la société américaine, qui devrait se poursuivre sur les 20 à 30 ans. Cette décroissance de l’usage de la voiture individuelle aux États-Unis n’est donc pas un simple «accident de parcours», plus ou moins dû à la crise actuelle, mais révèle des mutations profondes.
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L’émergence de nouvelles valeurs : une connexion internet plutôt qu’une voiture
On observe également un changement de valeurs chez les nouvelles générations, moins attachées à la voiture: seulement 15% des jeunes se déclarent « car enthousiaste », contre 30% pour les générations plus âgées, issues du baby boom. De la même façon, ces nouvelles générations déclarent à 35% que la perte de leur connexion internet serait la pire chose qui pourrait leur arriver, alors que la perte de l’usage de leur voiture n’arrive qu’en troisième position, avec seulement 28%.
Au contraire, les baby boomers, âgés de 55 ans et plus, déclarent à près de 50% que la perte de leur voiture serait la pire chose pouvant leur arriver (31% pour la perte de la connexion internet).
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Quelles conséquences pour les politiques publiques ?
Ces nouveaux schémas de mobilités qui sont en train d’émerger aux États-Unis entraînent plusieurs conséquences: réduction de la consommation d’énergie fossile et des pollutions induites ainsi que des coûts de construction et d’entretien des infrastructures routières. Cependant, les revenus associés, et notamment les taxes sur les produits pétroliers, sont, eux, en stagnation, voire en déclin.
Pour les rédacteurs du rapport, ces nouvelles mobilités doivent entraîner une adaptation des stratégies fédérales:
- Mettre d’avantage l’accent sur l’entretien des infrastructures, et non plus sur des constructions nouvelles
- Développer des alternatives de déplacements, notamment via les transports en commun et les modes doux
- Promouvoir un nouvel urbanisme, favorisant plus de déplacements de proximité, à pied
Source : Transflash n°386