Malgré le soutien des collectivités, le service de covoiturage en temps réel entre Toul et Nancy est suspendu. L’idée n’est pas pour autant abandonnée.
Chaque jour, entre 20.000 et 50.000 voitures circulent entre Nancy et Toul, avec comme unique passager, bien souvent, le conducteur. Quand deux ingénieurs fraîchement sortis d’école ont eu l’idée d’organiser un service de covoiturage entre les deux villes, les collectivités les ont accueillis à bras ouverts, Grenelle de l’environnement oblige. Et comment résister à Covivo et leur slogan : « le covoiturage, c’est économique, écologique et convivial » ? Nous sommes en octobre 2010, l’expérience peut commencer. Elles se multiplient même partout ailleurs.
Premier arrêt
La nouveauté Covivo – qui gère déjà un site de covoiturage classique nécessitant un minimum d’organisation en amont – c’est le « covoiturage dynamique » qui permet de s’y prendre au dernier moment. Le « covoiturage en temps réel » doit toutefois marquer un arrêt dès l’hiver suivant. Selon les dirigeants de l’entreprise, « la saison » serait « peu propice ». Il faut dire aussi et surtout que le nombre d’adhérents reste confidentiel. Et le dispositif technique est un peu lourd (un boîtier à installer).
Le 12 mai 2011, nouveau départ. Un Smartphone – mis gratuitement à disposition des volontaires – remplace le boîtier. Bilan : « 424 personnes se sont pré-inscrites à l’expérimentation. 288 ont souhaité participer en tant que conducteur et/ou passager en passant une offre et/ou une demande (inscription). 82 personnes ont utilisé leur mobile », résume Marc Grojean, président de Covivo. Conséquence : l’expérience est suspendue le 13 juillet.
Les freins au covoiturage sur l’axe Nancy-Toul ? « La peur de voyager avec des inconnus », selon Marc Grojean, président, « même si le soutien de collectivités rassure. Et la faible densité de trafic ».
Combiner les modes de déplacement
Covivo n’a pas jeté l’éponge pour autant. D’ailleurs, la société installée à Pompey, mène deux expérimentations dans le Jura et en Isère (ecovoiturage.itinisere.fr et covoiturage-arcjurassien.com). « Cette fois, le système inclut tous les modes de déplacements, transports en commun compris », précise Marc Grojean. « On garantit ainsi le retour ». Et les sites de covoiturage classiques fonctionnent toujours. Chaque collectivité a le sien. Offre et demande sont du coup fractionnées, compliquant la mise en relation (lire ci-dessous).
La bonne idée du covoiturage n’est pas abandonnée, loin de là. Elle est juste en rodage. Le Grand Nancy incite d’ailleurs les entreprises à développer cette pratique parmi leurs employés, dans le cadre du PDU (Plan de déplacement urbain).
Avant l’avènement du Smartphone et de ses applications, et bien avant que les collectivités ne surfent sur cette vague très porteuse en terme de communication, le covoiturage s’est toujours pratiqué. Dans le monde du travail notamment, chez les intérimaires surtout puisqu’il permet de réduire sensiblement les frais de déplacement.
Moralité : le covoiturage ne se décrète pas, il résulte d’une bonne entente entre plusieurs personnes. Comme pour le tri, en théorie, et en public, on y adhère avec enthousiasme. En pratique et en aparté, on traîne les pieds. Sauf si on y trouve un intérêt.
Source : L’Est Républicain