Le département de l’Hérault travaille de longue date avec Mobicoop sur les enjeux de mobilités partagées sur son territoire, notamment via le dispositif Rezo Pouce. Stéphane Loublé, chef de service mobilité durable dans le Département, nous détaille les facettes de celle collaboration et la stratégie du département de l’Hérault.
1 – Bonjour, pouvez-vous présenter votre rôle au sein du département de l’Hérault
Je suis Stéphane Loubié, chef de service mobilité durable au sein du pôle Route et Mobilités, et je suis rattaché à la direction des Mobilités, des Politiques Techniques et de l’Innovation. Je tiens à ce mot innovation qui est un concept clé lorsqu’on parle de mobilité durable dans le département de l’Hérault.
Nous sommes une équipe de dizaine de personnes. Notre spectre d’intervention est très large puisqu’il va des pôles d’échanges multimodaux, jusqu’à la mise en place de stationnement vélo sur les aires de covoiturages et au suivi de l’ensemble des problématiques de mobilité.
Nous agissons sur l’ensemble du département, en dehors des territoires qui sont AOM sur le volet covoiturage. Mais nous contribuons à des projets, par exemple au financement de l’infrastructure du tramway à Montpellier et du pôle multimodal de Saint Roch et dans les agglomérations.
Nous avons un partenariat privilégié avec les territoires, qui prend la forme de conventions pour développer la mobilité inclusive et solidaire.
2 – Comment avez-vous connu Mobicoop ?
Nous avons d’abord eu un lien avec Rezo Pouce à partir de 2018, dans le cadre d’un appel à projet de l’ADEME, Tenmod. Nous avions déposé un pack « Hérault, mobilité inclusive » qui traitait des dimensions suivantes :
- Le covoiturage traditionnel (aire de covoit etc.)
- Le covoiturage spontané
- Les plateformes mobilités pour les personnes aux minima sociaux
- L’animation territoriale pour conduire le changement
- Colloque sur les mobilités émergentes avec l’Université de Montpellier 3
Le Grand Pic Saint Loup était un territoire précurseur, qui avait déjà commencé à mettre en place le Rezo Pouce.
3 – Quel est le rôle du Département dans la stratégie de mobilité en Hérault ?
Nous avons commencé par mettre en place des conventions d’objectifs avec Rezo Pouce, qui nous a permis de développer le dispositif sur les territoires. On déclinait ensuite ces conventions par territoire. Avec la loi LOM, le Département n’est plus AOM mais nous avons souhaité poursuivre notre soutien à Rezo Pouce. Nous avons modifié nos conventions par des marchés publics. Dès lors, nous n’organisons plus, mais nous soutenons le développement de Rezo Pouce sur le territoire et d’autres formes de mobilités.
Nous sommes là pour apporter notre ingénierie sur le territoire, vérifier la sécurité des arrêts pour les usagers et automobilistes, qu’ils soient identifiables et nous prenons en charge la fourniture et la pose des panneaux.
Aujourd’hui, les territoires qui ont signé avec Rezo pouce sont plus autonomes, ils se rapprochent de Mobicoop puis le Département vient en soutien pour apporter son expertise.
Fort de la présence des EPCI, du Département et de l’expertise de Mobicoop sur l’Hérault qui depuis 2018 connaît bien ce territoire, ses élus et les attentes des citoyens nous sommes plus pertinents. Par exemple nous rationalisons plus nos points d’arrêts afin de répondre au mieux au besoin.
Nous sommes convaincus que ce dispositif ne sert pas uniquement pour les personnes qui sont en difficulté de mobilité au quotidien, mais aussi pour les mobilités occasionnelles, voire accidentelles. Le système s’est ouvert à du covoiturage plus conventionnel, et ces deux formes de covoiturages, organisé et spontané sont très complémentaires. Nous sommes très attentifs à la desserte des sites touristiques et à la réversibilité. Par exemple nous avons des arrêts sur Montpellier pour permettre des déplacements vers le Pic Saint Loup. Nous tenons à ces dessertes transversales et à la réversibilité du dispositif.
4 – Quels sont les résultats de votre politique ?
Depuis 2018, le département a développé 22 aires de covoiturages, soit 635 places et 434 arrêts sur le Pouce créés sur les 659 arrêts que comptent le Département.
Il y a aussi 147 places mutualisées pour faire du covoiturage.
Sète agglopôle méditerranée a développé Rezo Pouce aussi, même si en dehors du Département.
Nous comptons environ 3500 inscrits sur le département de l’Hérault et ces chiffres sont en constante progression.
Nous avons mené une enquête sur le covoiturage sous toutes ces formes sur le territoire et nous avons remonté une notoriété de Rezo Pouce, le système est connu et il y a une vraie appétence, ce qui est un indicateur très positif. 48% des sondés connaissent le dispositif et 7% utilisent ou ont utilisé le dispositif.
Cela prouve que nos actions de communication sont bonnes et qu’il faut persévérer. Il y a un potentiel utilisation qui est fort et donc il y a un besoin.
D’après l’enquête, les principales motivations à l’utilisation de Rezo Pouce :
1- Convivialité
2- Écologie
3- Économique.
C’est une posture très différente sur les autres dispositifs que Rezo Pouce. Donc finalement, même si notre cible première était les publics en précarité mobilité, le dispositif est utilisé plus largement par les habitants du territoire. L’inscription et le macaron permettent une reconnaissance à la communauté.
Avec la ZFE sur Montpellier, le dispositif Rezo Pouce ou s’organiser avec l’appli Mobicoop, pourrait être une vraie solution.
5 – Quel est le rôle de l’animation sur votre territoire ?
Nous sommes très attentifs aux animations territoriales pour conduire le changement de pratique. Par exemple, le prêt de vélo à assistance électrique pendant 1 semaine connaît beaucoup de succès. Ces animations sont l’occasion de tenir plusieurs stands pour présenter la variété des formes de mobilités, dont les stands Rezo Pouce font partie.
Nous avons également développé des rallyes sur plusieurs communautés de commune. Cela permet de montrer que le dispositif marche et le faire connaître aux publics comme aux élus.
Oser lever le pouce au bord de la route impressionne. Les arrêts sur le Pouce rassurent, c’est un lieu destiné pour cette pratique et qui est reconnu et soutenu par le Département. Cela donne plus de poids à la pratique de l’autostop.
C’est lors de ces manifestations qu’on augmente le nombre d’inscrits sur le territoire. La qualité des animateurs envoyés sur le territoire est fondamental. Les animateurs sont la vitrine du dispositif, il est important que le message soit porté avec force de conviction pour pousser à essayer le dispositif. Aujourd’hui je constate avec Mobicoop qu’on atteint ces objectifs.
L’expérimentation dans la mobilité est nécessaire, il faut pouvoir proposer des choses nouvelles sur les territoires. D’ailleurs, nous recevons beaucoup de demandes de rallyes et d’animations sur les territoires et c’est un signe positif, il y a un besoin et une vraie résonance sur les territoires.
6 – Pourquoi avoir rejoint le Conseil de Surveillance de Mobicoop ?
Participer au Conseil de Surveillance me permet d’avoir une vision macro de la stratégie de Mobicoop et des enjeux de mobilités. Je peux ainsi donner une parole aux collectivités et apporter une vision territoriale, nos enjeux, difficultés et objectifs. Je peux apporter mon expertise d’ingénierie, ce sont des systèmes très complexes qui demandent différents niveaux d’expertise et d’arbitrage avant d’arriver à un résultat final. J’ai également à cœur d’exprimer les attentes que peuvent avoir les élus. Par exemple, la mobilité durable est un des objectifs de la mandature de mon président.
7 – Quel engagement cela représente pour vous ?
Nous avons une réunion tous les 3 mois environ. Cela implique pas mal de travail, il faut prendre connaissance des documents et savoir prendre du recul aussi car je dois me mettre à l’échelle de Mobicoop.
Nous abordons des sujets très variés et nous avons tous des fonctions différentes, ce qui permet d’avoir une vision globale avec l’ensemble des contraintes. Ces temps d’échanges sont très enrichissants. Il y a beaucoup d’écoute et de respect et nous aboutissons à des solutions novatrices, qui vont dans l’intérêt de la structure.