Le 27 avril 2020,
Il aura fallu une pandémie pour que la crise écologique entre profondément dans notre quotidien. Il aura fallu que notre pression sur les écosystèmes sauvages fasse sortir un virus du bois pour que nous sentions dans notre chair la contrepartie de notre destruction massive du vivant. L’épidémie est une illustration, forte, de l’impasse de nos systèmes économiques, politiques et culturels et de l’importance de construire, peu à peu, collectivement, d’autres façons de faire.
Dans ce qui devrait être une très grande remise en question de notre façon d’habiter le monde, l’attention à notre vulnérabilité et à celle des autres doit être centrale. Elle n’est pas facile, tant accepter notre vulnérabilité va à l’encontre d’une culture qui promeut la puissance, la domination rationnelle, la virilité guerrière, etc. La crise nous oblige à voir notre vulnérabilité et, en cela, elle nous montre une autre face de nous-mêmes et peut nous aider à progresser.
Accepter notre vulnérabilité, c’est accepter notre dépendance aux autres et aux écosystèmes ; c’est vouloir accompagner plutôt que contrôler ; c’est, des mots aux actes, être dans le soin plutôt que dans la guerre. Cela ne se fera pas en une décennie, mais nous sommes sans doute en train de franchir une étape.
Ok, mais accepter notre vulnérabilité, qu’est-ce que cela veut dire pour la mobilité ?
Cela veut d’abord sans doute dire “moins de mobilité”. Soyons lucides : notre société a à la mobilité un rapport d’enfants gâtés, trop riches et trop compulsifs. Notre mobilité détruit notre environnement et donc les conditions nécessaires à la vie. L’épisode que nous traversons montre à la fois qu’il est possible de beaucoup moins se déplacer et que l’impact de cette “dé-mobilité” est immédiat et massif sur la qualité de l’environnement (pollution de l’air, pollution sonore, impacts sur la faune, etc.).
Cela veut ensuite dire une mobilité plus solidaire. Nous aurons d’autant moins besoin de nous déplacer que nous partagerons nos capacités de déplacement. Vous allez faire des courses : faites celles de votre voisine ; vous vous rendez à la ville : emmener votre oncle voir son médecin ; le couple qui habite en face de chez vous ne peut pas acheter de voiture : mettez en place un système pérenne leur permettant d’utiliser la vôtre, qui est d’ailleurs sous-employée.
A cet égard, la sortie de la crise sanitaire va sans doute être un moment difficile. D’abord parce que les réflexes individualistes risquent de prendre le pas sur tout le reste, allant à l’encontre même des enseignements que nous pouvons tirer de la crise. Ainsi, il y a fort à parier que les achats de véhicules individuels vont fortement augmenter. Ensuite parce que la crise économique va succéder à la crise sanitaire et que ce sont, une fois de plus, les moins riches qui vont trinquer. La précarisation de la société post-virus va sans doute entraîner une hausse du besoin de mobilité solidaire.
Parce que nous souhaitons apprendre de cette crise, parce que nous sommes conscients des difficultés qui nous attendent dans les prochains mois, nous allons travailler avec vous à un grand système de mobilité solidaire. Un dispositif qui permette à la fois de venir en aide à ceux et celles qui en auront besoin et de progresser sur la voie d’une mobilité plus écologique. Alors… Soutenez-nous, contribuez à la mobilité solidaire !
Je contribue à la mobilité solidaire
Bastien Sibille, Président de Mobicoop