Pas de secret : le covoiturage reste de nature un acte solidaire. Et si on rendait le covoiturage encore plus solidaire ? Oui, c’est possible. Matthieu Jacquot, directeur de Covivo, éclaire notre lanterne sur les termes de trajets solidaires et ses connexes : covoiturage solidaire, transport solidaire et taxi solidaire.
Expliquez-nous succinctement le système des trajets solidaires ?
Matthieu Jacquot : Je n’utilise pas obligatoirement le terme trajet solidaire. On parle plutôt de covoiturage solidaire, transport solidaire ou encore taxi solidaire. Ce sont trois services différents. Le covoiturage solidaire se met en place lorsque des personnes sont dans une démarche de solidarité. Le service OuestGo avec sa plateforme Ehop réalise du covoiturage solidaire. Il s’agit, tout simplement, de covoiturage de proximité avec des personnes n’ayant pas de voiture et à qui l’on redonne accès à la mobilité. Il s’agit, avant tout, de personnes en insertion ou des jeunes en rupture avec la mobilité. L’objectif du covoiturage solidaire est aussi de réussir à motiver et mobiliser un public qui, en temps normal, ne ferait pas de covoiturage mais qui sont prêts à ouvrir leur porte de voiture pour faire un effort. Enfin, dans tous les cas, le covoiturage en général est un acte de solidarité par définition.
Il y a de réelles différences avec le transport solidaire et le taxi solidaire ?
Matthieu Jacquot : Le transport solidaire est différent dans le sens où le chauffeur n’a pas un besoin réel de se déplacer et d’utiliser sa voiture mais le fait pour rendre service. Ce n’est pas non plus un chauffeur professionnel. Dans ce service, en général, les covoitureurs remboursent entre 30 et 40 centimes par kilomètres. Enfin, certains conducteurs le font même gratuitement ! Pour le taxi solidaire, c’est un taxi qui sera financé par les collectivités pour que des personnes puissent retrouver une certaine mobilité.
Ça change réellement du covoiturage ?
Matthieu Jacquot : Ca ne change rien sur le service. C’est plutôt dans l’approche et la manière de convaincre les personnes de rentrer dans le covoiturage. Comme dans le cadre du taxi solidaire, il peut aussi y avoir des prises en charge particulière avec du financement des différentes collectivités. On essaye toujours de trouver la solution qui coûte le moins cher sur le plan économique et écologique.
Ce système est déjà mis en place chez Mobicoop ?
Matthieu Jacquot : Ces choses là peuvent aussi s’organiser sur les réseaux sociaux, indépendamment des opérateurs de covoiturage. Notre partenaire Mobicoop a par exemple créé un groupe spécifique lors des inondations dans l’Hérault sur le site mobicoop.fr.
« Lorsqu’un réseau de transports en commun existe,
autant accompagner le public vers les bus et les trams »
Matthieu Jacquot, directeur de Mobicoop
Que peut apporter Mobicoop dans ce système ?
Matthieu Jacquot : La force de Mobicoop est une communauté dont la solidarité est une valeur. Nous avons donc plus de facilité à créer ou à identifier des bénévoles pour le transport solidaire.
Ce système est aussi bien transposable dans des milieux ruraux qu’urbains ?
Matthieu Jacquot : Notre cible principale reste une personne réalisant des petites distances, d’environ 10 kilomètres. Plutôt rural, donc. Il s’agit, en grande partie, de trajets vers le bourg-centre ou l’agglomération. Souvent, en solidaire, l’aller-retour est proposé. Il y en a un peu dans les villes mais la problématique reste différente. Par exemple, à Maxéville, en agglomération de Nancy, le CCAS propose un service de ce type pour des personnes qui ne peuvent pas prendre des transports en commun. Mais ça n’a pas beaucoup de sens. Lorsqu’un réseau de transports en commun existe, autant accompagner le public vers les bus et les trams. Nous avons des projets dont l’objectif n’est pas tant de faire le transport mais d’accompagner vers les transports en commun. Nous sommes conscients que tous les modes de transports, quand ils sont nouveaux, sont aussi anxiogènes. C’est comme pour le vélo : la première fois, on a un peu peur. Dans les transports en commun, on ne sait pas toujours, au début, à quel arrêt descendre. Emmener les personnes vers les transports en commun, c’est aussi du transport solidaire, mais sans moyen de transport.