Effectuer des trajets en covoiturage avec des personnes de la même organisation est possible avec la création ou l’adhésion d’une communauté. C’est un système simple, économique et efficace. Emilie Delevoye, de Hauts-de-France Mobilités nous en parle.
- Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ainsi que la plateforme pass pass covoiturage ?
Hauts-de-France Mobilités est un syndicat mixte créé en 2009, qui regroupe les Autorités Organisatrices de la Mobilité du Nord et du Pas-de-Calais : région, métropole, communautés urbaines, communautés d’agglomération ou syndicats de transports. Dès juillet 2018, notre périmètre s’étendra à la Somme et à l’Aisne. Notre rôle est de coordonner les offres de transports de nos membres et de développer l’intermodalité.
Nous sommes maître d’ouvrage de la carte pass pass, présente sur 8 réseaux et qui a vocation à devenir la « carte orange » des Hauts-de-France. La mission principale de Hauts-de-France Mobilités est la centrale de mobilité pass pass, outil de coordination des offres de transport, de billettique et d’information voyageur au travers du site passpass.fr, elle offre un panel de services à la mobilité.
Pass pass covoiturage, comme son nom l’indique, est le volet covoiturage de ce panel de services. La plateforme a été officiellement inaugurée le 26 mars 2018, il s’agit d’une commande de nos membres, dont certains avaient ouvert des plateformes de covoiturage et pu constater la difficulté de développer les pratiques à leur échelle. Le projet d’une plateforme régionale, permettant de regrouper les offres et sur laquelle nous pourrions communiquer conjointement a émergé de ce constat.
- Que proposez-vous en termes de création de communauté sur votre plateforme ? Quels en sont les avantages ?
Nous proposons des communautés aux entreprises et aux administrations. Elles permettent aux salariés de ces structures, de visualiser facilement l’ensemble des covoiturages proposés par leurs collègues. Pour les salariés qui pourraient être réticents à covoiturer avec un inconnu, la notion de communauté peut également être un plus. Mais surtout, pour les entreprises et administrations en charge d’un plan de déplacements, elles permettent d’animer leur démarche et de pouvoir accéder à des statistiques afin d’évaluer leur plan de déplacements entreprise (PDE).
Des communautés « géographiques » ont également été créées par les administrations avec lesquelles nous travaillons, ce qui leur permet de s’approprier la plateforme et de faire la promotion du covoiturage sur leur territoire.
- Le covoiturage est une alternative pour les trajets quotidiens mais il s’installe lentement. Selon vous, comment convaincre davantage les habitants des Hauts-de- France à pratiquer le covoiturage domicile-travail?
Notre territoire est fortement urbanisé et les habitants sont amenés à faire des trajets importants pour se rendre sur leur lieu de travail, s’affranchissant des limites administratives. Il en résulte des problèmes de congestion routière et de pollution importants. Or, des changements minimes de comportement permettraient de résoudre une part significative de ces problèmes, il faut faire prendre conscience aux habitants qu’ils peuvent agir sur ces questions.
Le gain financier est aussi un avantage indéniable. Le budget transports des ménages est en constante augmentation et lorsque l’on est obligé de se rendre en voiture sur son lieu de travail, parce qu’il n’est pas desservi ou pour des questions d’horaires, ce coût est d’autant plus important. Partager ses frais peut alors être une vraie solution.
Nous cherchons également à mettre en place des partenariats pour « récompenser » nos covoitureurs.
- Avez-vous relevé de réels changements depuis le début des grèves ?
Le mouvement de grève a accéléré le développement du covoiturage courte-distance. Il a pour nous coïncidé avec le lancement officiel de notre plateforme, via notamment une conférence de presse. Mais il est certain que nous avons constaté un pic de visiteurs par rapport au mois précédent et une réelle évolution du nombre d’utilisateurs. Le challenge aujourd’hui est de conserver ces utilisateurs, non pas au détriment du TER qui reste le mode de transport le moins polluant et le plus économique, mais pourquoi pas en rabattement vers les gares, dont les parkings sont souvent saturés.
L’usager qui a expérimenté le covoiturage pendant les grèves sera également sans doute plus enclin à covoiturer pour ses déplacements de loisirs par exemple.
- Pouvez-vous nous parler de vos projets à venir ?
Nous souhaitons développer une application mobile dédiée afin de faciliter l’utilisation de la plateforme et de permettre le covoiturage en temps réel. C’est un besoin qui ressort fréquemment de nos échanges avec les entreprises et les utilisateurs. Cette application sera disponible au dernier trimestre 2018.
Nous sommes également engagés dans des partenariats avec des territoires ruraux et péri-urbains, pour lesquels le covoiturage peut être une réelle alternative aux besoins de déplacements de la population. Nous construisons ensemble une politique de développement du covoiturage, en s’appuyant sur notre prestataire qui réalise notamment des animations sur site pour présenter notre plateforme et les avantages du covoiturage courte-distance.
La question de l’intégration des offres privées ou d’offres d’autres prestataires se posera également à plus long terme.
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