Un site de covoiturage, sa déclinaison embarquée dans les voitures. Depuis la semaine dernière, le service de la société Covivo est déployé. Développé par un binôme d’ingénieurs lorrains, il nous dessine déjà nos habitudes de demain.
De Metz, pour rallier les locaux de Covivo, le plus simple, c’est de s’y rendre en voiture. Seul sur l’A 31, durant de nombreuses minutes, le regard rivé sur le compteur pour ne pas franchir le 110 km /h. Sortie Pompey/Custines, trois ronds-points plus tard, et quelques tours de roue en rab, voici le bâtiment blanc aux liserés jaunes de la pépinière d’entreprises. Le contact coupé, plusieurs dizaines de kilomètres au compteur, seul au volant. Et autant de CO2 rejetés dans l’atmosphère.
Le reste du chemin se fait à pied, vers un bureau au fond d’un couloir. C’est là que siège la société lancée par les deux jeunes ingénieurs lorrains, Matthieu Jacquot et Marc Grosjean. Au centre de la table, un ordinateur où le site internet de Covivo est bien rapidement lancé. Sur l’écran apparaît le logo de Covivo, à savoir un lièvre à pleine vitesse, avec sur son dos un canard et un écureuil. Un dessin qui résume l’activité de cette star-up autour de qui le buzz fonctionne à plein régime depuis plusieurs mois déjà. Covivo s’inscrit à la convergence entre une logique de développement durable et l’utilisation des nouvelles technologies. Sur le papier, le principe est archi-simple : il suffit de s’inscrire sur le site en faisant part du trajet que l’on souhaite effectuer, en tant que passager ou conducteur. Le site met alors automatiquement en relation l’offre et la demande. Les sites de covoiturage, il en existe déjà un certain nombre mais celui-ci est la première réalisation pensée durant plusieurs mois et développée ensuite par ce binôme d’ingénieurs amis depuis une quinzaine d’années déjà. Et c’est vrai qu’à les observer, c’est un duo plutôt gagnant. On ressent Matthieu en réflexion, déroulant un discours méthodique. Marc est plus à l’énergie, diffusant son enthousiasme bondissant.
Boîtier embarqué
Comme le précise Matthieu Jacquot, « aujourd’hui en France, il faut en moyenne dix voitures pour faire voyager 13 personnes, alors qu’elles offrent potentiellement 50 places. » Un constat d’autant plus manifeste dans cette Lorraine sujette à la migration pendulaire avec, parmi la population des travailleurs se rendant au Luxembourg, 90% utilisant leur véhicule personnel… C’est dire si le potentiel de ce nouveau service est important. Et le site vient d’accueillir ses trois premiers usagers la semaine dernière. Démarrage subtil où il s’agissait avant tout de pouvoir mettre au point mais également convaincre différentes collectivités. Le Conseil général de Meurthe-et-Moselle et le Conseil régional n’ont pas caché leur enthousiasme et Patrick Hatzig, le vice-président en charge des transports, est bien souvent l’ardent défenseur de service de ce type. Preuves supplémentaires du bien-fondé de leur démarche, les prix reçus par les deux fondateurs de Covivo. Ils y a quelques semaines, Entreprendre Lorraine les comptait parmi les lauréats des projets soutenus en 2009.
En parallèle du site, le service prévoit que les conducteurs membres disposent dans leur véhicule d’un boîtier style Tom-Tom. Dessus figurent en temps réel les différentes personnes susceptibles de monter à bord et dont la prise en charge ne correspond qu’à un détour de cinq minutes maximum. « La participation financière est complètement assurée par Covivo. Il n’a pas de transaction opérée entre le conducteur et le passager. » Lors de l’inscription sur le site, l’usager recharge une sorte de porte-monnaie électronique. Que les conducteurs n’imaginent pas cependant pouvoir ainsi se recycler en des taxis occasionnels. La participation financière correspond à 6 à 8 centimes d’euro du kilomètre dont zéro à deux est prélevé par Covivo pour faire tourner son activité. Il existe des effets de seuils et le premier est fixé à deux cents véhicules lorrains pour développer l’activité. Les créateurs y croient dur comme fer et visent une rentabilité à deux ou trois ans. Ils circulent de toute façon dans le sens de l’histoire.
>> Plus d’infos et inscriptions sur www.covoiturage-dynamique.eu
Source : La Semaine